Jean-Claude Brouillet Aviation gabonaise
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Ce jour-là, j'étais pilote. U.S.A., 1944. | |
Jean-Claude Brouillet est Gascon, comme d'Artagnan. Il est né au milieu des années vingt, à Villeneuve-sur-Lot où ses parents, grands voyageurs, le berçaient d'histoires fabuleuses.
Il a 14 ans quand arrive la 2e guerre mondiale et qu'il entre dans la résistance. Il ira ensuite en Afrique rejoindre les Forces Françaises Libres où il veut s'engager comme aviateur. Quand, après maintes péripéties, il obtient son brevet de pilote d'une école d'Alabama, la guerre est finie.
À ses camarades qui lui demandent pourquoi il abandonne une carrière prometteuse dans l'armée de l'air, il répond sans hésiter qu'il s'en va au Gabon fonder une compagnie d'aviation.
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Devant le Tigre, avec mon ami Armand. J'aime la vie au grand air, mais quand même, c'est un drôle d'avion pour faire le transport des passagers. | |
C'est sans le sou qu'il débarque en Afrique, mais rapidement il s'y fera des amis, autant chez les blancs que chez les noirs. Le Gabon, c'est son pays! Il passe pour excentrique quand il parle de ses rêves d'aviation dans ce pays dominé par les denses forêts d'arbres géants où il n'y a même pas de routes.
Après trois ans à trimer comme camionneur, il a enfin assez d'argent pour s'acheter un avion. C'est en Angleterre qu'il le trouvera, un antique biplan Tiger Moth datant de la première guerre mondiale.
C'est sur ce vieux cerceau qu'il décollera dans la brume pour faire le trajet jusqu'au Gabon. En chemin, il embarquera Monsieur Louis, un vieux mécano au bord de la retraite qui voulait voir enfin la route d'Afrique que lui avaient raconté ses amis les grands pilotes de l'Aéropostale.
Le soir même de leur arrivée au Gabon, l'avion sera détruit dans une tempête. Jean-Claude, ruiné, n'a même pas le temps de déprimer. Les rudes forestiers en sont venus à respecter le jeune aviateur. Ils se sont cotisés pour lui payer un autre avion. Il les remboursera plus tard. Et ça repart…
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Ça commençait à prendre tournure. | |
Au fil des ans, des terrains se creuseront dans la brousse, ne nouveaux avions apparaîtrons sur le terrain. Un second Tigre assemblé à partir de deux épaves, puis des biplans Dragon de De Haviland. Tranquillement, les gabonais découvrent l'avion; d'abord pour le courrier, puis pour le ravitaillement des forestiers et enfin pour le transport de passagers. Et quand les forestiers seront en difficulté financière, ils voleront gratuitement sur ces avions dont ils sont devenus dépendants. De même, l'équipe de la T.A.G. (Transports Aériens du Gabon) effectuera plusieurs évacuations sanitaires sous tous les ciels. C'est gratuit pour les africains qui n'ont pas les moyens de payer. Ceux-ci se font un honneur de donner un poulet, des fruits, un grigri. On s'entraide, en frères.
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Le président Léon Mba. Pour les amis : « le Vieux ». | |
L'indépendance du Gabon, Jean-Claude la vivra aux cotés de son ami Léon M'Ba qui deviendra président. Les années passent. Il en a vécu des aventures avec l'aviation Gabonaise, rencontré des types épatant. Il a même fait le taxi pour les Rockefeller en visite chez le docteur Schweitzer. Avec les années, les biplans de la première heure ont fait place aux rutilants DC-3 dont il avait tant rêvé. Il s'est bien battu, il a bien gagné, il a bien vécu. Mais là, tout tourne trop rond et il s'ennuie.
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Quand j'ai vendu… La flotte des DC 3 et des DC 4 achetés à Air France. | |
Il vend Transgabon, sa compagnie, et plaque tout pour prendre le large et se consacrer à sa nouvelle passion : la voile. Quand on est millionnaire à 35 ans, les possibilités sont nombreuses. Il fera le tour du monde sur son grand voilier l'African Queen, fréquentera le Jet Set de la Méditerranée et trouvera même un trésor dans la mer des Caraïbes.
Ces aventures fabuleuses, il les a racontés dans un livre fantastique : L'avion du blanc.
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Dernière mise à jour : 2004-01-06
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